Les délires de ma plume virtuelle déchaînée (Now playing: Purity AGAIN!)

Elles entendirent un bruit. Humain. Bien que celui qui l'avait fait ne se dirigeait apparemment pas vers elles, cela suffit à les gêner, et à les écarter brusquement l'une de l'autre. Jiya profita de ce court retour à la réalité pour dire à Ara: «Bon, si tu veux absolument me suivre, il faut que tu ramasses des affaires chez toi. Et que tu laisses un mot à tes parents.» «Tout ce que tu voudras...». Jiya et Ara partirent donc vers la maison d'Ara. Pour plus de sécurité, Jiya rentra par la fenêtre. Ainsi, cette dernière eût l'occasion de pénétrer l'intimité de sa protégée. «Girlfriends, Strawberry Panic, Kannazuki no Miko, Maka-Maka... Dis-donc, tu est fan de Shôjo-ai». Elle regarda sur le mur, à côté des mangas, et vit quelques posters de Miley Cyrus et de Shakira. «Jolies posters... Bien choisies. Jolies filles, aussi.». Elle rajouta, fidèle à sa nature succube: «Et je sais de quoi je parle». N'obtenant pas de réponses, Jiya se retourna... Pour voir Ara de dos en petite culotte. Curieusement, sa peau mate viola toutes les réglementations sur la couleur possible d'un être vivant, et devint instantanément rouge tomate sur toute la partie de son visage. Tout aussi curieusement, alors qu'elle aurait dû avoir des réflexes humains et détourner son regard, elle fut comme hypnotisée par Ara, et ne put détacher son regard d'elle. Quand cette dernière se retourna, elle s'en rendit compte. Jiya fit un rapide mouvement de regard pour croiser le regard interloquée et gênée d'Ara, puis choisit ce moment pour détourner le regard. «Euh... Désolé...». Ara eût alors une idée pour le moins étrange, et pourtant pas si bête:

«J'te pardonne si toi aussi tu te mets en sous-vêtements.». Jiya troqua à nouveau sa peau café au lait contre une peau carmin écarlate. «Quoi?! Mais mais mais mais mais mais mais...». Ara ne répondit rien, et se contenta de la regarder avec un visage ambigu, entre l'innocence et la coquinerie. Parfois, un simple regard a un million trois-cent vingt-trois mille six-cents soixante-quatorze fois plus de puissance que les mots. Sans un mot, Jiya se déshabilla jusqu'à se retrouver en culotte et soutien-gorge. «Voila... Maintenant dépêche toi de faire ta valise...». Jiya se doutait, au fond d'elle-même, qu'Ara ne lui avait pas demandé de se mettre en tenue légère pour le fun, mais elle se devait de faire bonne figure. Ara approcha, la serra dans ses bras, et lui glissa à l'oreille: «Jolie lingerie. J'adore la dentelle sur le côté». A ce moment là, à l'IRC (Institut de Recherche sur les Couleurs), un détecteur ultra-puissant signala que le rouge primaire n'était plus le rouge le plus vif au monde, mais celui sur la peau d'un être humain (ben oui, rappelons que les démons sont pas censés exister) à cet instant même. Jiya bégaya néanmoins un petit: «M... Merci...». Puis, Ara lui prit les mains, l'attira en la tirant vers elle, et la tracta ainsi jusque sur son lit? Curieusement, Jiya n'arrivait pas à se défendre et se laissa entraîner, jusqu'à se retrouver allongée contre Ara. Elle fit un mouvement brusque vers l'arrière, mais fut retenu par le bras d'Ara. Elle la regarda avec une lueur d'affolement, et lui dit: «Mais nos...». Ara avait compris, et lui désigna sa culotte. Jiya comprit alors qu'elles n'entreraient pas directement en contact à cet endroit. Elles posèrent leurs visages l'un contre l'autre, sans pour autant s'embrasser. Elles restèrent ainsi un bon moment, à échanger directement leurs sens, peau contre peau, souffle contre souffle, chacune de leurs mélopées cardiaques à l'oreille de l'autre, yeux dans les yeux, lèvres contre joues...

Mais bon, tous les bons moments ont une fin. Enfin, ce n’est pas à elles qui faut dire ça, parce toute seules, elles n’auraient pas bougées. Non, en fait, ce fut un bruit contre la porte de la chambre qui les arrêta en plein élan. Ce bruit, c'tétait celui d'une main, plus précisément d'un point. En train de toquer. Il fut accompagné d'un son sortant apparemment d'une bouche humaine. Les modulations de ce son donnait quelque chose comme: «Ara? Je peux entrer?». Jiya comprit plus vite même qu'Ara. C'était sa mère. En temps normal, elle aurait pu se téléporter à l'abri... Sauf qu'«à l'abri», en temps normal, c'est l'enfer. Elle faillit paniquer, mais Ara lui indiqua, d'un simple geste de ces deux index, d'une part le dessous de son lit, de l'autre le signe de se taire. Jiya se précipita donc sous le lit, au moment où Ara se faufilait sous la couette et lançait à sa mère, après avoir dûment cachée sa valise; «Tu peux entrer, Maman!». Quand elle entre, sa mère fut assez surprise de la voir sous la couette à une heure si peu tardive. Ara se dépêcha de lui expliquer: «Je me changeais quand tu as toqué.» «D'accord. Je voulais juste te demander quelque chose...» «Oui?» «C'est quoi CA?!». Tout en prononçant cette phrase, elle lui montra une boîte de chocolats, sur lequel était fixé un petit mot: «A mon premier amour », et signé du nom de Marguerite.

Il faut savoir qu'Ara, bien qu'elle ne soit jamais vraiment tombée amoureuse, avait déjà flirté. En fait, elle a déclenchée une réaction en chaîne comme il n'en arrive pas deux. Un jour, une fille, la dénommée Marguerite, qui se posait des questions sur elle-même, a demandé à Ara: «Est-ce que... Est-ce que tu pourrais m'embrasser?». Cette fille était lesbienne, mais en doutait. Le baiser d'Ara (qui devint d'ailleurs très vite une légende, la hantise des garçons en tout genre) la convainquit. Mais ce n'était pas sur les lèvres, ce qui est d'autant plus fort: c'était sur la joue. Plein de sensualité et de tendresse, mais sur la joue. Ara l'a toujours dit: «Je réserve la porte de mon corps à celle qui ne s'arrêtera qu'au cœur». En fait, ce simple baiser a finit de faire tomber les barrières que cette fille s'imposait. Elle s'affirma enfin lesbienne, et, grâce à Ara, réussit à faire son coming-out à ses amies et à ses parents. Les deux le prirent très bien, d'ailleurs. Et de voir cette fille rendue heureuse par Ara, une autre voulut essayer. Puis une autre, puis une autre. En fait, ça en devenait presque un jeu. Et dès qu'une fille disait: «Mais moi je ne serais jamais lesbienne», on appelait Ara, qui disait à cette fille: «Prouve-le». Mais malgré tout ça, Ara n'avait jamais fait son coming-out à ses parents.

Comprenez donc la surprise de la mère quand elle vît cette boîte signé d'un nom typiquement féminin. Ara n'avait plus le choix. Elle devait révéler à ses parents son orientation amoureuse. Et elle choisit pour cela, d'agir comme si tout était naturel, car après tout, tout l'était. «Ben quoi? C'était la Saint-Valentin, hier? Où est le problème?». Et là, sa mère péta les plombs. «LE PROBLEME EST QUE C'EST UNE FILLE QUI T'ENVOIE CA!». Ara fixe sa mère, en affichant un air on ne peut plus neutre: «Mais ce n’est pas un problème, ça? Un problème, c'est quelque chose qui, par définition, pose problème?» «MAIS CA ME POSE PROBLEME, MOI!» «En quoi?» «LES FILLES NE SONT PAS CENSEES FAIRE CE GENRE DE CHOSES ENSEMBLES!» «On n'a rien fait, Maman.» «NE MENS PAS! SI C'EST LE CAS, ALORS POURQUOI CES CHOCOLATS?» «Parcequ'on était amoureuses, à une époque.» «TU VEUX VRAIMENT ME FAIRE CROIRE CA?! UNE FILLE NE PEUT TOMBER AMOUREUSE D'UNE AUTRE FILLE!» «Ben si, la preuve.» «NON, C'EST IMPOSSIBLE! JE T'INTERDIS DE REVOIR CETTE PERVERSE». Là, Ara n'en pouvait plus. Elle versa tout de suite dans la provocation. «T'auras du mal. On est dans la même classe.» «JE TE METTRAIS DANS UNE AUTRE CLASSE!» «Laquelle? Celle où il y a Jeanne? Celle où il y a Rose? Celle où il y a Nina?» «JE TE CHANGERAIS DE COLLEGE!» «Ah merci, ça tombe bien, je voulais rencontrer de nouvelles filles.» «JE TE METTRAIS EN PENSIONNAT RELIGIEUX!» «Tu veux dire un endroit ultra-clos aux chambres très intimes et remplies de filles qui n'ont pas vues de garçons depuis des milliards d'années?» «GRAAAH! JE VAIS APPELER TON PERE!»

Ensuite, tout se passa très vite. Ara sortit vite sa valise de son armoire, la bourra de trucs nécessaires à la survie, sortit Jiya de sous son lit, la regarda se rhabiller (tant qu'à faire, elle était prête), et elles s’enfuirent par la fenêtre, juste après qu'Ara ait laissé tomber à l'intérieur un mot indiquant: «Si vous n'acceptez pas les lesbiennes chez vous, je conclue que je dois partir». Cinq minutes après, la maison d'Ara fut le centre de gravité de toute la police du quartier pour la rechercher (Quand on habite dans un village tranquille, au moindre dérangement, l'armée locale débarque). Mais Ara et Jiya était déjà loin. Elles s’arrêtèrent un peu plus loin, et installèrent un camp pour la nuit. Comme Ara n'avait pas de nourriture, Jiya dût tuer un loup et le faire griller pour qu'elles aient à manger. Etant donné que Jiya n'avait rien prévu avant de fuir, elles durent partager la tente. Elles se réinstallèrent donc sous la couette comme dans le lit d'Ara auparavant, et, bien que l'atmosphère fut beaucoup plus légère, ce fut tout de même agréable pour elle deux. Jiya en profita pour glisser à l'oreille d'Ara, juste avant que celle-ci ne s'endorme dans ses bras: «C'est toujours comme ça, chez toi?», ce à quoi Ara répliqua: «Non. Seulement quand je fais mon coming-out».